soleil des vosges
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon : la prochaine extension Pokémon sera EV6.5 Fable ...
Voir le deal

Léon Tolstoï, « Les trois questions »

2 participants

Aller en bas

Léon Tolstoï, « Les trois questions » Empty Léon Tolstoï, « Les trois questions »

Message par Goldbi Mar 19 Juil - 18:57

Un jour, il apparut à un empereur que si seulement il connaissait la réponse aux trois questions suivantes, rien ne le ferait jamais s’écarter du droit chemin :

* Quel est le meilleur moment pour chaque chose ?
* Quelles sont les plus importantes personnes avec lesquelles travailler ?
* Quelle est la plus importante chose à faire à tout moment ?

L’empereur promulgua un décret dans tout son empire annonçant que quiconque pourrait répondre aux trois questions recevrait une grosse récompense. Près avoir lu ce décret, beaucoup se dirigèrent vers le palais en apportant leurs multiples réponses.

En réponse à la première question, quelqu’un suggéra à l’empereur d’établir un emploi du temps complet, avec les heures, jours, mois et années, et les tâches à accomplir. En le suivant à la lettre l’empereur pourrait espérer parvenir à faire chaque chose au bon moment.

Un autre rétorqua qu’il était impossible de tout prévoir, que l’empereur devait mettre de côté toutes les distractions inutiles et qu’il devait rester attentif à toutes choses afin de savoir quand et comment agir.

Un autre encore insista sur le fait que l’empereur seul ne pouvait espérer posséder la clairvoyance et la compétence nécessaires pour décider quand faire chaque chose. Il lui semblait primordial de nommer un Conseil des Sages et d’agir selon leurs recommandations.

Un autre encore dit que certaines questions nécessitaient une décision immédiate et ne pouvaient attendre une consultation. Cependant, si le souverain désirait connaître à l’avance ce qui allait se produire, il lui était possible d’interroger le devins et les magiciens.

Les réponses à la seconde question divergeaient aussi beaucoup.

Quelqu’un dit que l’empereur devait placer toute sa confiance en ses ministres, un autre recommanda les prêtres et les moines tandis que d’autres encore suggéraient les médecins ou même les militaires.

À la troisième question, à nouveau des réponses très variées furent proposées. Certains affirmèrent que la science était la plus importante des recherches, d’autres insistèrent sur la religion et d’autres encore sur l’art militaire.

L’empereur ne fut satisfait par aucune des réponses données, et la récompense ne fut pas attribuée.

Après plusieurs nuits de réflexion, le souverain décida de rendre visite à un ermite vivant dans la montagne qui était tenu pour un être illuminé. Tout en sachant que l’ermite ne quittait jamais les montagnes et qu’il était connu pour ne recevoir que les gens pauvres et refuser tout contact avec les riches et les puissants, l’empereur souhaitait rencontrer le saint homme pour lui soumettre les trois questions. C’est ainsi que le souverain se déguisa en pauvre paysan et demanda à son escorte de l’attendre au pied de la montagne pendant qu’il partait seul à la recherche de l’ermite.

En atteignant la demeure du saint homme, l’empereur l’aperçut en train de bêcher le jardin devant sa hutte. À la vue de l’étranger, l’ermite salua de la tête et continua à bêcher. C’était un labeur apparemment très pénible pour lui car il était vieux ; il haletait bruyamment chaque fois qu’il enfonçait la bêche dans le sol pour retourner la terre.

L’empereur s’approcha de lui et dit : « J’ai trois questions auxquelles j’aimerais que vous m’aidiez à répondre : Quel est le meilleur moment pour chaque chose ? Quelles sont les plus importantes personnes avec lesquelles travailler ? Quelle est la plus importante chose à faire à tout moment ? »

L’ermite écouta attentivement, puis il tapota sur l’épaule de l’empereur et se remit à bêcher. Le monarque dit alors : « Vous devez être fatigué. Laissez-moi vous aider. » Le vieil homme le remercia, lui tendit la bêche et s’assit par terre pour se poser.

Après avoir bêché deux plates-bandes, l’empereur s’arrêta, se tourna vers l’ermite et lui répéta ses trois questions. De nouveau, le vieil homme ne lui répondit pas, mais, se leva, montra la bêche et dit : « Pourquoi ne vous reposez-vous pas un peu ? Je vais reprendre. » Mais l’empereur continua à retourner la terre : Une heure passa, puis deux. Finalement le soleil se cacha derrière la montagne. Le souverain posa la bêche et dit à l’ermite : « Écoutez, je suis venu ici vous demander si vous pouviez répondre à mes trois questions. Mais si vous n’êtes pas en mesure de le faire, dites-le-moi afin que je puisse rentrer chez moi. »

L’ermite leva la tête et demanda à l’empereur : « N’entendez-vous pas quelqu’un qui court dans notre direction ? » L’empereur tourna la tête et vit un homme avec une longue barbe blanche surgir des bois. Il courait de manière désordonnée, les deux mains pressant une blessure sanglante qu’il avait au ventre. L’homme courut vers le souverain. Avant de s’écrouler sans connaissance sur le sol. Il gémissait. En ouvrant sa chemise, l’empereur et l’ermite découvrirent une profonde plaie. Le monarque nettoya complètement la blessure, puis il utilisa sa propre chemise pour le panser. Comme le sang coulait abondamment, il dut rincer la chemise et bander plusieurs fois, et ce jusqu’à ce que la plaie s’arrête de saigner.

Finalement, l’homme blessé reprit connaissance et demanda un peu d’eau. L’empereur courut jusqu’au ruisseau et rapporta une jarre d’eau fraîche. Pendant ce temps, le soleil avait disparu et le froid de la nuit était en train de s’installer. L’ermite aida l’empereur à porter l’homme dans la hutte où ils l’allongèrent sur le lit. Là, il ferma les yeux et s’assoupit paisiblement. Le souverain était épuisé par sa longue journée passé journée passée à marcher dans la montagne et à bêcher le jardin. Appuyé contre la porte, il s’endormit. Quand il se réveilla, le soleil était déjà haut au-dessus des montagnes. Pendant un moment, il oublia où il était et ce qu’il était venu faire. Il regarda vers le lit et vit l’homme blessé qui se demandait lui aussi ce qu’il faisait dans cette hutte. Lorsque celui-ci aperçut l’empereur, il le fixa attentivement du regard et dit dans un murmure à peine perceptible : « S’il vous plaît, pardonnez-moi. »

« Mais qu’avez-vous donc fait qui mérite d’être pardonné ? », demanda le souverain.

« Vous ne me connaissez pas, Votre Majesté, mais moi je vous connais. J’étais votre ennemi juré et j’avais fait le vœu de me venger car lors de la dernière guerre, vous avez tué mon frère et saisi tous mes biens. Quand j’ai appris que vous veniez seul sur cette montagne pour rencontrer l’ermite, j’ai décidé de monter un guet-apens et de vous tuer. J’ai attendu longtemps, mais ne vous voyant pas venir, j’ai quitté ma cachette pour tenter de vous trouver. C’est ainsi que je suis tombé sur les gardes de votre escorte qui m’ont reconnu et m’ont infligé cette blessure. Heureusement, j’ai réussi à prendre la fuite et à courir jusqu’ici. Si je ne vous avais pas rencontré, je serais certainement mort à l’heure qu’il est. J’avais l’intention de vous tuer et au lieu de cela, vous m’avez sauvé la vie ! J’éprouve une grande honte, mais aussi une reconnaissance infinie. Si je reste en vie, je fais le vœu de vous servir jusqu’à mon dernier souffle et j’ordonnerai à mes enfants et petits-enfants de suivre mon exemple. Je vous en supplie, Majesté, accordez-moi votre pardon ! »

L’empereur était comblé de joie de voir avec quelle facilité il s’était réconcilié avec un ancien ennemi. Non seulement il lui pardonna, mais de plus il promit de lui faire restituer tous ses biens et fit envoyer son propre médecin et ses serviteurs pour s’occuper de lui jusqu’à sa guérison complète. Après avoir donné l’ordre à son escorte de ramener l’homme chez lui, il revint voir l’ermite. Le souverain désirait poser une dernière fois les trois questions au vieil homme avant de retourner à son palais. Il trouva l’ermite en train de semer des graines dans les plates-bandes bêchées la veille.

Le vieil homme se leva et le regarda. « Mais vous avez déjà la réponse à ces questions. »

« Comment cela ? », dit l’empereur intrigué.

« Hier, si vous n’aviez pas eu pitié de mon âge et ne m’aviez aidé à retourner la terre , vous auriez été attaqué par cet homme à votre retour . Vous auriez alors profondément regretté de ne pas être resté avec moi.

Par conséquent, le moment le plus important était le temps passé à bêcher le jardin, la personne la plus importante était moi-même, et la chose la plus importante était de m’aider. Plus tard, lorsque l’homme blessé est arrivé, le moment le plus important était celui que vous avez passé à soigner la plaie, car si vous ne l’aviez pas fait, il serait mort et vous auriez raté l’occasion de vous réconcilier avec un ennemi. De la même façon, il était la personne la plus importante, et soigner la blessure était la tâche la plus importante. Rappelez-vous qu’il n’existe qu’un seul moment important, c’est maintenant. Cet instant présent est le seul moment sur lequel nous pouvons exercer notre maîtrise. La plus importante personne est toujours personne avec qui vous êtes, celle qui est en face de vous, car qui sait si vous aurez affaire à quelqu’un d’autre dans le futur ? La tâche la plus importante est de rendre heureuse la personne qui est à vos côtés, car cela seul est la recherche de la vie. »
Goldbi
Goldbi
Admin

Messages : 37
Date d'inscription : 08/06/2011
Age : 33
Localisation : Hagondange

Revenir en haut Aller en bas

Léon Tolstoï, « Les trois questions » Empty enfin !

Message par jean-pierre Mar 6 Sep - 6:30

Enfin le texte de Tolstoï que je cherche depuis plus de 10 ans ! Où l'as-tu trouvé ? Il manque la référence du site ou de l'éditeur. Mais un grand merci à toi, de tout coeur, car c'est un texte merveilleux, qui résume presque tout.
Le "enfin" est aussi pour mon retour sur le forum. Je me suis laissé emporter par les vacances, mais aussi par une croyance. Je surveillais bien mes messages, et aucun me signalait une réponse sur le forum. Pourquoi ? Cela me permet pourtant de suivre les postages et c'est bien pratique. Les modérateurs pourront m'expliquer.

Je reviens aux 3 questions. Que j'ai posé l'année dernière en examen. De rares bonnes réponses, même en ce qui concerne le moment présent, est beaucoup de "maman" comme personne la plus importante.

Questions qui permettent d'élever notre conscience, notre curseur. Toujours élever notre conscience. Si nous restons au niveau physique, mental ou affectif, la réponse sera "maman", si nous montons au niveau émotionnel, ce sera peut-être l'amour du moment "mon chéri" ou "pimprenelle". C'est bien, pas de jugement. Mais nous avons appris à accéder à un autre niveau, le SOI, le spirituel, l'âme, comme vous voudrez. Et là, forcément, c'est le but du jeu comme il en existe beaucoup, nous nous trouvons coincé par les réponses précédentes et sommes obligées d'aller au delà. Vers le présent, vers l'autre comme un moi, etc.

Encore bravo ! A Tolstoï d'avoir eu cette inspiration, et à toi. Merci.

jean-pierre
Admin

Messages : 35
Date d'inscription : 13/06/2011

Revenir en haut Aller en bas

Léon Tolstoï, « Les trois questions » Empty Re: Léon Tolstoï, « Les trois questions »

Message par Goldbi Sam 10 Sep - 13:35

http://ici-et-maintenant-ici-maintenant.blogspot.com/2011/02/leon-tolstoi-les-trois-questions.html

Je l'ai trouvé sur ce site/blog quelques jours après être revenu du week end dans les Vosges, les trois questions m'avaient beaucoup intrigué, et j'étais un peu déçu de moi même car j'avais vraiment beaucoup réfléchis, j'étais dans la réflexion (comme l'empereur) alors que j'avais juste à ouvrir les yeux (voir les gens qui étaient avec moi ce week end) me sentir vivre en étant présent, et continuer à discuter, plaisanter, partager pour savoir quelle activité était la meilleure enfin bref c'est une rétrospective de ce qui m'était passé par la tête ce jour la.

Les exemples concret lié à ce texte sont tellement nombreux, parfois c'est difficilement acceptable pour certaines personnes de mon entourage, comme l'exemple de l'ami qui va faire ses études loin, concentrer mon énergie pour rester en contact comme s'il était à côté de moi est une erreur je pense, il passera sans doute à côté de nouvelles expériences dans son nouvel environnement (même temporaire) et moi aussi avec peut être de nouvelle personnes que je suis susceptible de rencontrer. Il n'est ni question d'oubli, d'abandon ou de mise de côté, mais de vivre l'instant présent avec les gens qui partage le notre de " présent ".

C'est une des réflexions qu'a soulever le texte pour moi

[ d'ailleurs c'est un peu ce qui s'est passé pour moi envers le forum, j'ai passé des vacances géniales avec plein de gens fabuleux, le fait est que nos routes ne se sont pas toutes croisées cet été, mais ce n'est que partie remise Smile ]

de rien pour le texte Smile
Goldbi
Goldbi
Admin

Messages : 37
Date d'inscription : 08/06/2011
Age : 33
Localisation : Hagondange

Revenir en haut Aller en bas

Léon Tolstoï, « Les trois questions » Empty expérience

Message par jean-pierre Jeu 15 Sep - 5:39

Ta réaction vis à vis des trois questions illustre parfaitement le lien expérience-connaissance, certains traduiront théorie-pratique. Ce que résume bien ce passage de Richard Bach : "Quand on apprend quelque chose sans en avoir fait l'expérience tangible, on n'en découvre pas toujours immédiatement la véritable signification."
A mettre en lien avec "Dieu n'a d'autres mains que les nôtres."

jean-pierre
Admin

Messages : 35
Date d'inscription : 13/06/2011

Revenir en haut Aller en bas

Léon Tolstoï, « Les trois questions » Empty Re: Léon Tolstoï, « Les trois questions »

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum